Fête du télétravail

Vendredi 1er mai – Cette fête du travail a toujours été un point d’interrogation pour moi. Pour fêter le travail, on ne travaille pas. Il m’a fallu quelques années avant de comprendre que cette fête avait une dimension collective et qu’elle ouvrait sur la question de savoir que ce vaut mon travail sans celui des autres. A peu près rien. Toute entreprise est collective et humaine.

Pour fêter le travail on en expérimente la négation, l’absence, et on ne travaille pas. On marque un temps d’arrêt. Que devient un temps d’arrêt quand tout est arrêté, quand les travailleurs sont confinés ? Pas grand-chose. Je n’ai même pas tenté une expérience de déconnexion. Pour que le télétravail remplace le travail, il lui faudra s’inventer une fête et bien d’autres accessoires.

Le temps du confinement serait-il une fête de la vie en société ? Une autre glorification par l’absence ? Est-ce un carême avant Pâques ? Peut-être mais Pâques c’est un repas partagé, une trahison, un procès, une condamnation, une exécution, un reniement et une résurrection à laquelle tout le monde ne croit pas. Nous aurons probablement un peu de tout cela si nous n’y prenons pas garde. Pour que ce confinement soit véritablement une fête, il serait préférable de s’inspirer d’une autre tradition judéo-chrétienne, le jubilé au cours duquel toutes les dettes étaient remises.

Si seulement le déconfinement pouvait être jubilatoire !

Retrouvez la série de nos chroniques de confinés.

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