L’Europe in extremis

Mardi 21 juillet – C’est peu dire que l’Europe jouait son avenir au sommet de Bruxelles pour trouver des réponses concertées face à la crise.

Il a fallu quatre jours et quatre nuits pour parvenir à un accord. Le succès final confirme que la France et l’Allemagne quand elles partagent la même partition peuvent obtenir d’excellents accords.

Mais Paris et Berlin ont dû investir beaucoup d’énergie pour que tous leurs partenaires se fondent dans l’unité de l’orchestre européen. Les 27 dirigeants européens sont ainsi parvenus à s’entendre sur un plan historique destiné à soutenir leurs économies, durement touchées par la crise du coronavirus. Pour la première fois, ce plan est basé sur l’acceptation d’une dette commune. En clair, les plus riches volent au secours des plus pauvres. Un pas vers le fédéralisme.

Les sommes dégagées ; un budget 2021-2027 de 1.074 milliards et un plan de relance de 750 milliards permettront de préparer l’avenir qui, sans cet effort partagé, aurait été beaucoup plus sombre. L’Europe avance par compromis successifs. Les pays dits «frugaux» (Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède et là aussi la Finlande ) ont certes fait beaucoup de résistance. Ils ont obtenu donc des concessions de taille mais pas au point de ruiner l’ambition initiale. C’était bien là l’essentiel.

La gauche revient

Lundi 20 juillet – Une pierre de plus à l’édifice des divisons de la gauche qui ne peut pourtant espérer gagner des élections que si elle est unie. Laurent Joffrin, ex-directeur de Libération, a présenté lundi son «nouveau mouvement». Il tente ainsi un dépassement de l’existant très morcelé à gauche et engage le fer avec le chef de l’État. Son prochain livre à paraître portera sobrement le titre « Anti-Macron »

Il tente de passer par-dessus les différentes chapelles de gauche avec en point de mire la présidentielle de 2022. Accusé d’ouvrir ainsi une porte à un retour dans le jeu de François Hollande, ce qui ne manque pas d’agacer ses anciens soutiens socialistes (et quelques autres passés à autre chose). Ils ont d’ailleurs été nombreux à rappeler que l’ancien locataire de l’Élysée était plutôt le problème que la solution.

Fort de 130 signatures réputées prestigieuses, Laurent Joffrin a au moins le mérite de secouer le cocotier de gauche en poussant ses différentes composantes, écologistes compris, à clarifier leurs intentions en vue de la présidentielle. Il souligne assez justement tout à la fois que la lutte pour la défense de l’environnement est certes très importante, mais dit dans le même temps que «la question sociale, surtout dans la période qui s’ouvre, restera centrale». Avant les dernières européennes, Raphaël Glucksmann avait tenté une démonstration comparable. Notons au passage qu’elle n’a pas été follement concluante.

L’observateur restera donc prudent devant la nouvelle initiative de Laurent Joffrin. Tout en se réjouissant aussi que, dans le contexte actuel, le grand corps malade de la gauche continue au moins de vibrer dans toutes ses composantes. Il lui reste maintenant à découvrir un puissant vaccin contre ses divisons internes. Elles le minent bien plus gravement que les offensives des Républicains et de la République en Marche, rassemblés sans grand succès lors des dernières municipales.

Avancer masqué

Dimanche 19 juillet – Le port du masque sera obligatoire dans les lieux publics clos et donc dans l’ensemble des magasins des grandes enseignes alimentaires à partir de demain.

Il s’agit d’éviter une reprise de l’épidémie de Covid-19.

Au niveau national, le taux de reproduction effectif du virus (ou «R effectif», basé sur les tests virologiques positifs) est repassé  au-dessus de 1 depuis la première semaine de juillet, et se situe actuellement à environ 1,20, selon Santé publique France. Cela signifie que chaque malade du Covid-19 contamine en moyenne 1,2 autre personne, ce qui va dans le sens d’une tendance à l’augmentation de la circulation du virus.

Chacun doit donc prendre ses responsabilités.

Porter un masque c’est protéger les autres, je peux être porteur du virus sans symptômes perçus.

C’est aussi se protéger, ce qui n’est pas absurde dans le temps qui courent.

Il faut avancer face à la pandémie. Et pour l’instant en attendant un vaccin, se masquer reste le recours le plus simple et le plus efficace.

Pour avoir hésité, les États–Unis, gouvernés par un président délirant, paient le prix fort : 60.207 nouveaux cas de contamination recensés aux États-Unis en l’espace de vingt-quatre heures et 832 nouveaux décès. 3.698.209 de personnes ont été infectées depuis le début de l’épidémie et 139.960 en sont mortes.

Hypers sous contrôle

Jean Castex a annoncé, lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, un «moratoire contre l’installation des centres commerciaux en périphérie».

Il y en a déjà tant, la gangrène est déjà bien installée. Mais comment ne pas saluer cette intention dont il faudra mesurer sa traduction en actes comme un mouvement dans le bon sens.

Premier effet : si cette limite s’installe, elle sera un frein spectaculaire à la bétonisation et à l’enlaidissement des entrées de villes. Cela permettra de freiner «  l’artificialisation des sols».

Elle est aussi un message critique fort pour des modes de consommation aux effets parfois pervers. C’est un encouragement discret à plus de sobriété. 

Ce modèle consumériste est une impasse pour les individus et les sociétés. Un coup de frein bienvenu.

Il faut croiser ce choix avec celui défendu par Barbara Pompili, nouvelle ministre de la Transition écologique : un moratoire cette fois sur les projets de nouveaux entrepôts de commerce en ligne. Il s’agit là de mesurer l’impact de ces activités sur l’emploi et l’environnement. Cette proposition doit maintenant obtenir un arbitrage favorable. Dans l’intention, ces mesures pourraient contribuer à rééquilibrer le commerce en direction des centre-ville et favoriser la relance du commerce de proximité.

Étang du Merle

Vendredi 17 juillet – Ce que j’aime à l’étang du Merle près de Crux-la-Ville, c’est que sa plage ouvre sur la nature. L’accès à la baignade est facile et gratuit, la route qui y mène par la forêt – haut lieu des maquis lors de la dernière guerre – est un enchantement. On peut y croiser des biches et des cerfs.

La Nièvre n’offre qu’une trentaine de lieux de baignade, c’est peu. Mais celui-là vaut largement bien des plages plus courues. Un double bain dans l’eau et dans la nature, tout à la fois. Pourquoi s’en priver ?

La bataille de Reichshoffen

Jeudi 16 juillet – Une nouvelle bataille de Reichshoffen est engagée au nord de l’Alsace. En août 1870 , ce fut une défaite retentissante face aux armées prussiennes qui conduisit à une retraite retentissante des cuirassiers français. Certains d’entre vous connaissent cette comptine populaire qui célèbre leur charge héroïque mais parfaitement stupide et parfaitement vaine. Comme celle qui suivit près de Morsbronn.

Plus de 150 ans après,  espérons que le combat engagé au même endroit contre la vente d’un site industriel rentable ( carnet de commande plein jusqu’en 2024 ) sera couronnée de succès.  Pour satisfaire aux règles de la concurrence fixées par l’Union européenne et afin d’éviter de se constituer un monopole, Alstom qui veut racheter l’activité ferroviaire de son concurrent canadien Bombardier, cherche à se défaire de cette usine fqui pèse lourd dans la partie la moins prospère de l’Alsace. L’usine compte 800 salariés et fabrique des rames de trains intercités, des TER et même des métros parisiens. Les élus locaux et les syndicats s’inquiètent pour l’avenir du site. Sans doute à juste titre.

Une couche sécuritaire

Mercredi 15 juillet – Sarkozy revient avec Jean Castex. Ce constat a été vérifié pendant le discours de politique générale du nouveau premier ministre devant l’Assemblée nationale par la multiplication d’annonces à forte valeur ajoutée sécuritaire.

Le nouvel hôte de Matignon qui n’avait pas grand-chose à ajouter – hormis quelques précisions de détail – aux annonces faites lors de l’entretien télévisé du président de la République la veille, s’est inscrit dans les pas de son précédent mentor. Une sorte de retour dans les banlieues du fameux karcher, en évitant pourtant de le nommer.

Ce registre n’est pas absurde. Il répond à des inquiétudes réelles dans le pays. Mais pour y répondre, il aurait fallu annoncer une politique globale et cohérente. Elle ne se trouvait pas dans le discours du premier ministre. Cette sortie sur la sécurité répondra, sans doute, d’abord au désarroi des forces de l’ordre de plus en plus sous surveillance.

A contrario, comment croire que la lutte contre les « minorités ultra violentes » soit une préoccupation centrale des Français, menacés par une crise économique et sociale. C’était pourtant une partie significative du catalogue déroulé par le premier ministre. Il faut y ajouter la création de « juges de proximité » contre « les incivilités du quotidien », et, comme d’habitude, la lutte contre l’islamisme radical. Le premier ministre a également promis, comme d’habitude encore, « une réponse de l’État ferme et sans complaisance ». Il a annoncé logiquement pour la rentrée « un projet de loi contre les séparatismes ».

Attendons de voir, mais notons quand même, qu’en matière d’inflation sécuritaire et de limitation des libertés, les Français ont déjà beaucoup donné pendant la crise sanitaire. Peut-être que ça suffit ?

La relance selon Macron

Mardi 14 juillet – Masque obligatoire dans les lieux clos à partir du 1er août, plan de relance industriel et écologique, priorité aux jeunes : Emmanuel Macron a décliné plusieurs mesures face à la crise économique et sanitaire, après avoir présidé une cérémonie du 14-Juillet au format réduit.

J’analyse sur mon blog l’évolution du discours présidentiel qui dessine une mue politique encore à confirmer. D’autant qu’Emmanuel Macron cherche à l’inscrire dans la continuité de sa politique depuis son élection.

https://politique.blogs.la-croix.com/la-mue-demmanuel-macron/2020/07/14/

Exode à New York

Lundi 13 juillet – New York, ville monde, se dépeuple. Une part significative de ses habitants s ’installe ailleurs depuis la crise sanitaire.

Les prix de l’immobilier flambent dans sa périphérie. Les États voisins deviennent un refuge pour de nombreux New-Yorkais. Il est vrai qu’au cœur de la ville, tout ce qui faisait son charme ne fonctionne pas vraiment et plus 24 heures sur 24 comme avant la crise. Le gouverneur et le maire ont comparé la situation actuelle avec le climat qui a suivi le 11 septembre 2001.

A New York, en juillet, les camions de déménagement pullulent et à Manhattan, il y a beaucoup d’appartements vacants. Cette situation était devenue une rareté auparavant.

Ces départs pourraient quand même avoir un effet positif. Crever la bulle immobilière de New York.  De nouvelles générations pourraient s’y installer si elle devient plus accessible. Assurant un renouvellement qui pourrait faire du bien à la ville, très embourgeoisée dans certains de ses quartiers.

Réinventer Paris et Venise

Dimanche 12 juillet – Paris et Venise ont au moins ceci en commun : leur prospérité repose en grande partie sur une activité touristique de masse en expansion permanente. Les effets économiques en sont incontestables et les dégâts engendrés tout aussi considérables.

La crise sanitaire de grande ampleur, pas encore éteinte, a provoqué un effondrement des migrations massives vers ces destinations qui offrent toutes deux aujourd’hui des conditions de visite idéales. Moins de pression, un accueil plus chaleureux, des musées rouverts, etc…Même si les règles de distanciation physique limitent l’offre. La conclusion de ce constat est évidente. En conjurant ses craintes de voyage, c’est vraiment le moment d’y aller pour flâner tranquillement.

Mais certainement pas pour renouer avec les foires d’empoigne du monde d’avant. Il y a évidemment dans chacun de ces deux joyaux, de bonnes raisons de repenser les pratiques touristiques folles de jadis.  Les énormes bateaux de croisière s’avançant sur le grand canal au point de bouleverser la lagune, la place du Tertre transformée en Disneyland.

La fin de cette massification du tourisme est un progrès né de la crise. Le retour de cette ivresse n’est pas indispensable.