Le temps s’est arrêté.

Vendredi 20 mars – Confiné, je passe la journée à mon bureau à travailler sur ordinateur.

Je porte une montre bracelet automatique. Ce type de montre à mouvement mécanique et affichage analogique, ne nécessite pas de pile. Elle fonctionne sur un ressort qu’un balancier remonte du seul fait de mes mouvements. J’entends déjà les “OK boomer !“.  Au regard des critères du monde qui vient, la montre qui m’indique l’heure depuis plusieurs décennies présente des qualités environnementales remarquables. Alors, jeunes gens, dites-vous bien que le ‘boomer’ ne déconne pas complètement.

Confiné, restant assis et les bras quasi immobiles devant mon clavier, j’ai constaté avec horreur que ma montre a fini par s’arrêter. Faute d’activité, je ne suis plus en mesure de donner vie aux objets qui partagent et rythment mon existence. Faute de vie, le temps s’arrête.

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Distance

Vendredi 20 mars – Emission radio à distance. Chacun se déploie dans son registre. « Cette crise aura une fin » : il paraît qu’à l’antenne, je semblais plus confiant en l’avenir que mes camarades. Je n’en suis pas si sûr. Mais j’ai assumé explicitement le refus de la polémique sur la gestion de la crise par le gouvernement. Cela me paraît bien inutile.

Qui aurait pu prévoir ? Qui aurait pu savoir d’avance exactement quoi faire ? Les donneurs de leçons sont infantiles, inutiles. On soldera les comptes à la fin de la crise. Les ouvrir au cœur des difficultés ne sert absolument à rien.

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Un médecin à Menou ?…

Jeudi 19 mars – Menou vit dans une parfaite léthargie, confinement oblige. Après la frénésie de la campagne des élections municipales, c’est assez étrange, le changement de rythme est violent.

Corinne et moi vivons, comme il se doit, en vase clos mais cependant harmonieusement.

Soyez tranquilles, nous sommes surveillés. La rumeur publique raconte -car même en période de confinement, les rumeurs courent toujours- qu’un médecin serait venu chez nous. Les pestiférés que nous sommes depuis que nous avons osé nous présenter aux élections municipales font de nous d’évidents porteurs du virus.

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Deux mondes

Jeudi 19 mars – Des bugs informatiques me mettent en rage. Coupé de mon ancien monde par le confinement, je mesure l’ampleur de ma dépendance technologique.

Au fond, je suis installé au milieu de la nature, je vis une transplantation mais mon imaginaire et un nombre considérable d’activités me relient à mon ancien monde.  On ne change pas de peau aussi facilement.  Il y a un travail à faire en profondeur.

La question centrale reste la même : peut-on vraiment appartenir à deux mondes à la fois ? Hors période de confinement, personne n’est assigné à résidence et rien ne nous somme de choisir…

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La vie continue

Mercredi 18 mars – Réveil à l’aube pour dicter une chronique radio. La vie continue en ce premier jour plein de confinement.

J’ai bien conscience dès ce matin que mon quotidien va changer en profondeur.

Paradoxe de taille : j’ai pris ma retraite en sifflet avec l’objectif de vivre et de travailler le plus souvent possible à Menou, choix de cœur et de raison. Maintenant, ce sera, pour une durée indéterminée, ici à demeure, sans échappatoire. Adieu aux marches déjà programmées.

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Enfin la guerre !

Mercredi 18 mars – Nous sommes en guerre. Enfin, une expérience de la guerre, nous qui ne l’avions pas connue.

Lorsque nous ne finissions pas notre assiette, ma mère nous disait : « On voit bien que vous n’avez pas connu la guerre. » C’est vrai, je n’ai pas connu la guerre. Enfant, j’ai longtemps cru que je vivais dans un monde sans guerre. Continuer la lecture de « Enfin la guerre ! »

Temps long

Lundi 16 mars – L’inquiétude monte en ce lendemain de premier tour d’élections municipales, maintenues au terme d’un consensus entre les principales forces politiques et une majorité de scientifiques consultés.

Le confinement est décrété ce soir-là par le président de la République. La possibilité de la veille (un immense brassage dans les bureaux de vote) devient un interdit catégorique le lendemain. Rien à redire sur le moment. Des décisions fortes s’imposaient.

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