Avancer masqué

Dimanche 19 juillet – Le port du masque sera obligatoire dans les lieux publics clos et donc dans l’ensemble des magasins des grandes enseignes alimentaires à partir de demain.

Il s’agit d’éviter une reprise de l’épidémie de Covid-19.

Au niveau national, le taux de reproduction effectif du virus (ou «R effectif», basé sur les tests virologiques positifs) est repassé  au-dessus de 1 depuis la première semaine de juillet, et se situe actuellement à environ 1,20, selon Santé publique France. Cela signifie que chaque malade du Covid-19 contamine en moyenne 1,2 autre personne, ce qui va dans le sens d’une tendance à l’augmentation de la circulation du virus.

Chacun doit donc prendre ses responsabilités.

Porter un masque c’est protéger les autres, je peux être porteur du virus sans symptômes perçus.

C’est aussi se protéger, ce qui n’est pas absurde dans le temps qui courent.

Il faut avancer face à la pandémie. Et pour l’instant en attendant un vaccin, se masquer reste le recours le plus simple et le plus efficace.

Pour avoir hésité, les États–Unis, gouvernés par un président délirant, paient le prix fort : 60.207 nouveaux cas de contamination recensés aux États-Unis en l’espace de vingt-quatre heures et 832 nouveaux décès. 3.698.209 de personnes ont été infectées depuis le début de l’épidémie et 139.960 en sont mortes.

Distanciation variable

Dimanche 28 juin – La distanciation sociale en France est une pratique à géométrie très variable. Ce qui s’impose là est très vite oublié ailleurs. Dans les transports en commun, un protocole sévère impose le respect des règles. Sièges interdits, masques obligatoires, le contrôle social et les contrôleurs veillent au grain.

Mais il suffit de s’approcher d’une plage – au bord d’un lac ou à la mer – pour constater que les usages élémentaires de protection de soi et des autres sont souvent jetés aux orties. Triomphe du lobby des plagistes, si puissant dans les villes côtières, sans doute. Mais aussi, on a pu le vérifier dimanche soir dans le camp des vainqueurs aux élections municipales, reste un besoin – humain trop humain – de se lâcher pour exulter. Le déconfinement se révèle à l’usage bien plus acrobatique que le confinement.    

Train

Samedi 27 juin – Premier long voyage en train (4h½) depuis la fin du confinement. Cela me semble interminable.

Le climat général dans mon wagon de TGV est la méfiance. Tout le monde est masqué, la voiture bar est supprimée, les visages totalement inexpressifs. Je me dis que le respect des gestes barrière n’impose sans doute pas de faire la gueule à la terre entière.

Mais peut-être que le sens caché de ces visages fermés est de signifier lourdement à tous les autres que l’heure est grave. Mais ça tout le monde le sait. A vrai dire, je ne souhaite pas un déploiement de cotillons dans mon wagon, mais il n’est peut-être pas nécessaire de rajouter aux incertitudes du monde d’après, un recul spectaculaire de la sociabilité. Le confinement – sans aucun doute nécessaire au moment où il a été décidé – a désormais des conséquences psychologiques durables et inquiétantes. Il est temps de réapprendre collectivement le minimum de bienveillance pour les autres, socle du savoir-vivre ensemble. Dans mon wagon, il restait , me semble-t-il , de sérieuses marges de progression.