C’est un peu cruel. Sous la pression des circonstances, crise sanitaire, difficultés économiques et sociales, l’exécutif est contraint pendant les 600 derniers jours du quinquennat de revoir à la baisse son ambition réformatrice.
Cruel parce que la France a besoin de réformes. C’est bien là l’essentiel.
Mais cruel aussi parce qu’Emmanuel Macron, élu en 2017, sur un projet audacieux, risque de devoir conclure ce mandat avec des ambitions réduites. Ses oppositions souligneront alors le contraste entre les rêves présidentiels et la réalité des résultats obtenus.
Avec ou sans coronavirus, la France serait-elle donc irréformable ? Il est courant quand le pays résiste au changement de contester la méthode employée pour installer les réformes.
Mais un examen attentif des voies et des moyens utilisés pour le chantier des retraites, par exemple, est révélateur de fautes politiques. Par excès d’assurance (retraite par points et âge pivot en même temps) et conviction de bien faire (puisqu’il il convenait d’agir), le gouvernement s’est privé du soutien militant de syndicats réformistes d’accord sur bien des points avec lui. Il a dû avoir recours au 49.3 alors qu’il disposait, sur le papier, au moment du vote d’une majorité large à l’Assemblée nationale.
Le fond de l’affaire est peut-être aussi tous les abus dans l’usage du mot réforme, ces dernières décennies. Pourquoi est-il devenu au fil du temps, un mot valise qui sert à annoncer aux Français de nouveaux sacrifices ? Réformer est un impératif catégorique dans un pays passablement sclérosé. Mais il faut d’abord rassembler sur des projets partagés.
Sur le plan social, Jean Castex et son gouvernement tentent désormais de remonter la pente. Il aurait sans doute fallu commencer comme ça.
Là, c’est évidemment trop tard pour vraiment avancer.
PS.
Etienne et moi, contributeurs assidus de Menou pour tous, nous prenons des vacances au mois d‘août.
Nous vous retrouverons donc avec joie, pour de nouveaux projets à la rentrée de septembre.
Bel été et amitiés
Etienne et François