Pourquoi consommer ?

Vendredi 5 juin – Reconnaissons-le : la voie est étroite. Selon des données de l’Insee, la consommation des ménages s’est réduite d’un tiers au mois d’avril par rapport à février et d’un cinquième par rapport à mars. Les Français auraient ainsi économisé 60 milliards d’euros pendant le confinement. D’où les injonctions répétées de Bruno Lemaire ou de Muriel Pénicaud, invitant les Français à « consommer » très vite leur épargne.

La France n’a évidemment pas intérêt à devenir un pays de “rentiers du Livret A” dont les encours ont progressé à des niveaux records en avril.  L’enjeu est évidemment de faire repartir l’activité, seule manière, pense-t-on, de combattre la crise économique et sociale.  

Cette logique apparemment implacable pourtant me glace. J’y vois d’abord le retour à marche forcée de la pensée et de la frénésie du vieux monde. J’y vois aussi le refus de se demander ce que pourrait être un fonctionnement économique basé sur une croissance plus verte. J’y vois enfin une ignorance délibérée de la précarité dans laquelle vivent des millions de Français. Eux ne peuvent se plier pour des raisons économiques à cette injonction déraisonnable.

La bataille politique du monde d’après sera complexe car elle imposera de déconstruire les fausses évidences du monde d’avant. Ce ne sera pas simplement une bataille d’argument. Mais aussi une bataille d’expérience.

Le confinement a démontré à beaucoup de Français qu’il était possible de vivre sans s’encombrer de trop de biens inutiles, qu’il était possible de concentrer sa consommation sur l’essentiel.  Less is more. La sobriété heureuse est une expérience intéressante. Tout le reste semble alors vain et relève, en cas d’addiction, de l’univers des paradis artificiels.

Une réponse sur “Pourquoi consommer ?”

  1. Pas de Nouveau Monde annoncé, malgré les myriades de trompettes embouchées tout au long de la période de confinement. L’injonction est à la consommation à outrance, pour rattraper le temps perdu (qui ne se rattrape jamais), circulez et obtempérez ! Au cas où nous n’aurions pas compris, Bercy et le Ministère du Travail en rajoutent une louche : dépensez vos économies, encore faudrait-il en avoir, quand des ménages se retrouvent dans le rouge encore plus tôt dans le mois avec, de surcroît, une ardoise plus lourde, les prix ayant augmenté, ces dernières semaines. De leur côté, les agences publicitaires nous invectivent ardemment à acheter un nouveau bolide, rutilant et flambant neuf (pour se faire plaisir ou pour épater la galerie ?) le dernier canapé, voire à investir dans la pierre : “Laissez vous charmer par cet appartement avec terrasse et (belle) vue sur les toits ! Vous avez tort de ne pas succomber, c’est une AFFAIRE et dans deux jours, vous pleurerez toutes les larmes de votre corps en apprenant qu’une personne, mieux au fait de l’actualité, a emporté la mise”. Effectivement, malgré le Ripolin, les discours et les flonflons, l’Ancien Monde est toujours présent ! Les reportages montrent des consommateurs (j’aurais pu l’écrire en deux mots) heureux d’avoir ENFIN pu acheter des fringues car ils ont… grossi, quelle excuse ! Demandez donc aux soignants des services réa COVID s’ils ont pris du poids… Non, ils en ont perdu, à raison de 3kg par garde de 12h.
    Apparemment, la pandémie est, pour certains, un lointain souvenir : outre le retour de la sur-consommation de gadgets inutiles, nous voyons sur les axes routiers, et particulièrement les autoroutes, des bolides sortis de nulle part, débouler à folle vitesse. La Nature ayant horreur du vide, l’hôpital a repris son service au bloc, au service des chauffards, des impénitents du “jaja”et du “bédo” ou autre produit(s) peu compatible(s) avec la conduite sur route ou la vie, tout court…
    En fait, de nos jours, CONSOMMER c’est EXISTER, d’où ce retour en force du “chauffage” de carte bleue et la satisfaction de notre cerveau reptilien.
    Et le bonheur dans tout cela ? Je perçois surtout le fait que les consommateurs remplissent un vide sidéral dont la planète Terre fait les frais, une fois de plus. N’oublions pas la phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : “La Terre, nous l’empruntons à nos enfants”.
    Sur ce, je vous souhaite bonne soirée et vais retrouver le bonheur au fond de mon jardin, en allant récolter mes plantes médicinales et autres fruits de saison !

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