Distanciation variable

Dimanche 28 juin – La distanciation sociale en France est une pratique à géométrie très variable. Ce qui s’impose là est très vite oublié ailleurs. Dans les transports en commun, un protocole sévère impose le respect des règles. Sièges interdits, masques obligatoires, le contrôle social et les contrôleurs veillent au grain.

Mais il suffit de s’approcher d’une plage – au bord d’un lac ou à la mer – pour constater que les usages élémentaires de protection de soi et des autres sont souvent jetés aux orties. Triomphe du lobby des plagistes, si puissant dans les villes côtières, sans doute. Mais aussi, on a pu le vérifier dimanche soir dans le camp des vainqueurs aux élections municipales, reste un besoin – humain trop humain – de se lâcher pour exulter. Le déconfinement se révèle à l’usage bien plus acrobatique que le confinement.    

Train

Samedi 27 juin – Premier long voyage en train (4h½) depuis la fin du confinement. Cela me semble interminable.

Le climat général dans mon wagon de TGV est la méfiance. Tout le monde est masqué, la voiture bar est supprimée, les visages totalement inexpressifs. Je me dis que le respect des gestes barrière n’impose sans doute pas de faire la gueule à la terre entière.

Mais peut-être que le sens caché de ces visages fermés est de signifier lourdement à tous les autres que l’heure est grave. Mais ça tout le monde le sait. A vrai dire, je ne souhaite pas un déploiement de cotillons dans mon wagon, mais il n’est peut-être pas nécessaire de rajouter aux incertitudes du monde d’après, un recul spectaculaire de la sociabilité. Le confinement – sans aucun doute nécessaire au moment où il a été décidé – a désormais des conséquences psychologiques durables et inquiétantes. Il est temps de réapprendre collectivement le minimum de bienveillance pour les autres, socle du savoir-vivre ensemble. Dans mon wagon, il restait , me semble-t-il , de sérieuses marges de progression.

Distances

Lundi 25 mai – Ce n’est pas encore une franche inquiétude. Mais les règles de distanciation sociale bien utiles pendant cette crise du coronavirus nous préparent peut-être des lendemains assez étranges…

Le goût pour les rassemblements festifs pourrait bien s’estomper. Et l’habitude de la distance s’installer. On n’est jamais trop prudent…
Ce serait alors un bouleversement de nos fonctionnements sociaux, avec des contacts physiques réduits au minimum dont la fin de la bise. Continuer la lecture de « Distances »