Mercredi 17 juin – Les dirigeants de Facebook seraient-ils devenus schizophrènes, prétendant contrôler d’une main ce qu’ils encouragent de l’autre ?
La firme donne la possibilité à ses utilisateurs aux États-Unis à 5 mois de l’élection présidentielle de désactiver toutes les publicités politiques. C’est une réponse à la critique souvent adressée au media-social de pratiquer une modération trop faible de ces contenus. Cette option devrait en principe être étendue ailleurs dans le monde ainsi que sur Instagram. Ce transfert de la modération vers les utilisateurs renforce la puissance des candidats installés qui disposent évidemment d’autres supports pour exister.
Mais le fond du problème se niche ailleurs. Le modèle de Facebook repose sur un croisement logique sur le plan économique entre audience et publicité. En rémunérant largement les contributeurs qui font de grosses audiences par la publicité, la plate-forme contribue à étendre la dictature de l’émotion, propice à la diffusion de fausses nouvelles souvent complotistes, bien plus existantes a priori que les propos fondés sur la raison et l’acceptation des règles de base de l’information (distance critique et sources croisées).
La mise en œuvre de cette dernière innovation ressemble à un prurit vertueux, assez peu crédible, celui qui saisirait une bête décidée à faire l’ange. Jamais en retard de bonnes intentions, Mark Zuckerberg a, par ailleurs, donné à Facebook l’objectif d’aider à l’inscription de quatre millions d’Américains sur les listes électorales dans la perspective de présidentielle en novembre. Là, que le ciel l’entende.