Sortir par le haut (exemple)

Mercredi 1er juillet – Angela Merkel est parfois hésitante, prend souvent le temps de réfléchir à deux fois et dit rarement oui tout de suite.  Mais elle est aussi capable de prendre le taureau par les cornes.

C’est cette dernière approche qu’Angela Merkel semble avoir choisie pour la fin de son mandat. Elle doit quitter le pouvoir à Berlin à la fin 2021 après 14 ans de règne. Mais aujourd’hui, l’Allemagne préside l’Union européenne et la chancelière allemande semble décidée à imprimer sa marque pendant ces six mois. Continuer la lecture de « Sortir par le haut (exemple) »

Le bon côté de l’économie

Mardi 30 juin – Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, prétend ramener certains maires écologistes “du bon côté de l’économie” quand ils seront confrontés aux réalités de terrain.  

Ce responsable du patronat ne semble pas avoir très bien compris le sens du vote de milliers de Français dans de nombreuses grandes villes pour des candidats Verts, très souvent appuyés sur des alliances à gauche. Leur offre électorale était  pourtant claire, sortir des effets dévastateurs pour les hommes, les femmes et la nature d’un libéralisme débridé.

Le souhait de Geoffroy Roux de Bézieux est qu’ « avec l’exercice du pouvoir, les Verts français deviennent un peu les Verts allemands » , Faut-il lui rappeler aussi que là où ils ont été élus, ces fameux Verts allemands conduisent une politique déterminée et cohérente avec leur projet ?  La teneur du message électoral de dimanche dernier a un peu échappé au patron des patrons.

Personne ne sait de quoi l’avenir sera fait, mais gageons que les nouveaux élus écologistes ne mettront pas un zèle particulier pour se plier à ces injonctions les poussant à revenir dans les clous du monde d’avant.

Eux doivent penser précisément que leur succès s’appuie sur une volonté de changement, y compris dans le champ économique. Gestion plus humaine, plus soucieuse de l’environnement et partage des richesses, c’est peut-être ça le bon côté de l’économie. Celui hors des radars de Geoffroy Roux de Bézieux qui s’est aussi réjoui d’une reprise rapide de la consommation au mois de juin. On voit bien le problème.  

Clarification aux municipales

Lundi 29 juin – Grands vainqueurs des municipales, les Verts, appuyés sur des alliances à gauche, ont conquis un nombre historique de grandes villes au second tour des municipales. 

Ce succès s’est ancré dans une réactivation du clivage droite-gauche, d’autant plus visible que les Républicains et la République en marche, alliés dans de nombreuse grandes villes, se sont employés à dénoncer l’aventurisme des candidats pastèques, verts dehors et rouges dedans. Sans qu’ils tirent le moindre bénéfice électoral de ces caricatures.

L’autre grande leçon du scrutin est le désintérêt croissant de nombre de Français pour les élections. L’abstention a grimpé pour atteindre un niveau record à des municipales : six électeurs sur dix qui auraient pu voter dimanche, ont boudé les urnes. La crainte du Covid-19 n’explique pas tout. C’est l’un des principaux défis à relever à la fois par les nouveaux élus de ces municipales et par Emmanuel Macron. Il s’agit d’un enjeu démocratique majeur.  Je développe ce point de vue dans mon blog.  https://politique.blogs.la-croix.com/reactiver-la-democratie/2020/06/29/

Distanciation variable

Dimanche 28 juin – La distanciation sociale en France est une pratique à géométrie très variable. Ce qui s’impose là est très vite oublié ailleurs. Dans les transports en commun, un protocole sévère impose le respect des règles. Sièges interdits, masques obligatoires, le contrôle social et les contrôleurs veillent au grain.

Mais il suffit de s’approcher d’une plage – au bord d’un lac ou à la mer – pour constater que les usages élémentaires de protection de soi et des autres sont souvent jetés aux orties. Triomphe du lobby des plagistes, si puissant dans les villes côtières, sans doute. Mais aussi, on a pu le vérifier dimanche soir dans le camp des vainqueurs aux élections municipales, reste un besoin – humain trop humain – de se lâcher pour exulter. Le déconfinement se révèle à l’usage bien plus acrobatique que le confinement.    

Train

Samedi 27 juin – Premier long voyage en train (4h½) depuis la fin du confinement. Cela me semble interminable.

Le climat général dans mon wagon de TGV est la méfiance. Tout le monde est masqué, la voiture bar est supprimée, les visages totalement inexpressifs. Je me dis que le respect des gestes barrière n’impose sans doute pas de faire la gueule à la terre entière.

Mais peut-être que le sens caché de ces visages fermés est de signifier lourdement à tous les autres que l’heure est grave. Mais ça tout le monde le sait. A vrai dire, je ne souhaite pas un déploiement de cotillons dans mon wagon, mais il n’est peut-être pas nécessaire de rajouter aux incertitudes du monde d’après, un recul spectaculaire de la sociabilité. Le confinement – sans aucun doute nécessaire au moment où il a été décidé – a désormais des conséquences psychologiques durables et inquiétantes. Il est temps de réapprendre collectivement le minimum de bienveillance pour les autres, socle du savoir-vivre ensemble. Dans mon wagon, il restait , me semble-t-il , de sérieuses marges de progression.

Retour en France

Vendredi 26 juin – Évidemment, ils ne savaient pas, il y a quatre mois. Mais cet été, les Français vont redécouvrir…la France.

Pour leurs vacances, par choix prudent ou contraints par la restriction des voyages à l’étranger, ils ont commencé à s’orienter vers des destinations proches. Un total de 86% des Français – contre 75% en 2019 – ont décidé de séjourner cet été dans leur pays.

Ce redéploiement, en bonne logique, devrait faire le bonheur des poumons verts de la France et de leurs vastes espaces.  Selon Gites de France, la pression est déjà forte dans le Cantal et le Lot. Même tendance à la hausse en montagne. Sur le littoral, l’affluence toujours forte devrait être contenue : les touristes étrangers seront moins nombreux. Les Français, assez logiquement dans ce contexte, bouderont les pays étrangers, hors Europe. Dans les agences de voyage, seules 20% des réservations concernent l’étranger, contre 66% habituellement.

Ce n’est pas fini

Jeudi 25 juin – La remarque semble contre tendancielle. Vue de Paris sous le soleil, l’activité semble avoir repris. Les terrasses sont bondées, la Tour Eiffel a rouvert ses escaliers et une forme de naturel dans les relations sociales semble se réinstaller. Joie de la libération, après trois mois très durs.

Mais si on ne se contente pas de ces observations de proximité, l’horizon semble un peu moins dégagé.  Les États-Unis continuent à s’enfoncer dans la crise sanitaire et les dénis de Donald Trump semblent jouer un rôle d’accélérateur notamment au Texas et en Floride. D’ailleurs New York, le New Jersey ainsi que le Connecticut ont décrété mercredi une quarantaine pour les personnes venant d’autres États où la pandémie s’étend.

Cette prolongation des incertitudes au cœur de la première puissance économique mondiale n’est pas de bon augure. Comme le reconfinement mardi de plus de 600.000 personnes  en Allemagne

D’ailleurs le FMI considère que la reprise sera plus lente qu’espéré. L’économie mondiale pourrait reculer de 4,9% cette année: bien plus que les 3% anticipés en avril en plein cœur de la pandémie. L’Europe qui a commencé à se déconfiner ne sera pas épargnée. Baisse du PIB de 12,5% pour la France, de12,8% pour l’Espagne et l’Italie. La croissance chinoise ne dépassera pas 1 % en 2020 (6,1en 2019).

Si un vaccin est découvert, le FMI considère que la reprise devrait s’accélérer. Mais si de nouveaux foyers apparaissent une crise financière risque de s’installer.

Moralité : restons toujours vigilants.

Statues (suite)

Mercredi 24 juin – La statue de Colbert devant l’Assemblée nationale a été en partie recouverte mardi de peinture rouge et d’une inscription « Négrophobie d’Etat ». L’auteur de cette attaque iconoclaste a été arrêté. Ministre de Louis XIV, Colbert est considéré comme à l’initiative du Code noir qui a légiféré sur l’esclavage dans nos colonies.

La « Brigade antinégrophobie » a posté une vidéo sur tweeter. Elle montre l’auteur du tag être interpellé par la police et se justifier ainsi : « Ce qui est interdit, c’est le racisme. Cet homme-là fait l’apologie de la négrophobie ». Cette action s’inscrit dans un mouvement plus large qui s’entend sur tous les continents.

Dans une tribune du Monde daté du 25 juin, des historiens renommés comme Jean-Noël Jeanneney, Mona Ozouf, Maurice Sartre, Annie Sartre et Michel Winock notent que « L’anachronisme est un péché contre l’intelligence du passé » et appellent à « fonder une culture partagée propice aux combats futurs ». https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/06/24/deboulonnage-des-statues-l-anachronisme-est-un-peche-contre-l-intelligence-du-passe_6043963_3232.html

Ils voient dans l’extension de ces pratiques dans des démocraties « un danger pour les principes républicains » et dénoncent l’anachronisme de ces attaques contre des statues. « Ce péché contre l’intelligence du passé consiste, à partir de nos certitudes du présent, à plaquer sur les personnages d’autrefois un jugement rétrospectif d’autant plus péremptoire qu’il est irresponsable » écrivent-ils. Ils soulignent à quel points les grandes figures du passé n’étaient en rien conformes avec nos idéaux démocratiques d’aujourd’hui. Et rappellent au passage que le Code noir « fut avant tout une tentative pour encadrer et réglementer les comportements criminels de nombreux colons et d’adoucir un peu (oh ! certes très peu) le sort terrible de ceux qui en étaient victimes ».

Et ils fournissent un cadre essentiel pour éviter les anachronismes qu’ils dénoncent : « Le devoir primordial de ceux qui ont la charge de former des citoyens pour éviter de faire passer l’histoire sous le rabot uniforme d’une déploration rétrospective » consiste à « remettre tout dans son contexte » et « expliquer, expliquer, expliquer ». Et se donner ainsi pour horizon la raison plutôt que les passions aveuglées et de fonder ainsi « une culture partagée ».

Retour en ville

Mardi 23 juin – Après plus de trois mois passés à Menou, retour à Paris, aujourd’hui encore ma résidence principale. 

Mélange de sentiments contrastés. Au départ une forme d’ivresse, d’admiration pour la beauté d’une grande ville s’étalant le long de la Seine, un sentiment de vie intense depuis les terrasses de café sous le soleil, l’élégance des passantes. 

Mais très vite, sous le poids des contraintes, des transports publics toujours très contrôlés, une lassitude gagne…Malgré les retrouvailles avec mes amis, le journal, mes dossiers parisiens, la vie à Menou me manque, l’espace, la nature, le naturel des relations avec mes amis.

L’hypothèse d’un référendum

Lundi 22 juin – Emmanuel Macron semblait de plus en plus tenté en fin de semaine dernière d’organiser un référendum sur des propositions écologiques de la Convention citoyenne sur le climat.

Le chef de l’État comptait regarder les propositions une par une et si possible organiser un référendum à questions multiples sur quelques-unes des propositions de la Convention. «Seul un référendum est à la hauteur de l’exigence climatique», a aussi expliqué vendredi l’eurodéputé LREM Pascal Canfin, ancien directeur du WWF.

Ce point de vue sur le référendum est partagé par les membres de la Convention. Mais ils récusent explicitement un référendum à questions multiples. Ils demandent l’introduction de la lutte contre le réchauffement climatique dans la Constitution et la création dans le droit d’un crime d’«écocide ».

Si référendum il y a, ils demandent donc qu’il porte sur une révision constitutionnelle. Ce n’était absolument pas la stratégie d’Emmanuel Macron. Je le souligne dans mon blog.

https://politique.blogs.la-croix.com/lhypothese-du-referendum/2020/06/23/