Solitude partagée

Samedi 28 mars – Jour de marché à Donzy, jour de sortie au supermarché et chez le marchand de journaux pour les suppléments du weekend. Se croiser au supermarché est certes sympathique, l’ambiance n’en est pas moins pathétique.

Dans la queue devant la boulangerie, un vieux monsieur me dit que ça lui rappelle un temps où il a fait la queue devant la même boulangerie. « Ma mère n’était pas loin, elle travaillait au-dessus (il montre du bras la direction approximative du château), et elle venait lorsque c’était mon tour. Les Boches n’étaient pas méchants avec les enfants, ils ne nous ont pas maltraités. »

Aussi curieux que cela puisse paraître, j’ai beaucoup aimé ce minuscule bout de conversation. Je crois que cet homme m’a dit une foule de choses. Il m’a dit son besoin de parler même à un inconnu. Il m’a dit le souvenir de périodes très dures, plus dures que celle que nous traversons. Il m’a dit aussi que pour l’enfant qu’il était, c’était supportable. Il m’a dit aussi qu’il n’était plus un enfant et que dans cette nouvelle épreuve, sa mère n’est plus là pour le rassurer. J’ai acquiescé, un peu bêtement. J’aime écouter ce que les gens ont à dire mais je ne sais pas poser les bonnes questions, celles qui réconfortent et disent à celui qui s’est livré qu’il a eu raison.

Solitude partagée, rompue par celui qui a su dire les choses.

Après-midi passé au jardin, platebandes préparés avec le motoculteur de François.

Retrouvez la série de nos chroniques de confinés.

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