Statues

Vendredi 12 juin – C’est assez étrange de voir aujourd’hui des statues porter tout le poids des contradictions du monde. Certaines sont devenues, avec quelques noms de rue, des livres, des films, l’objet d’une vindicte un peu infantile.

Quel sens peut avoir le déboulonnage de ces témoignage d’une histoire pas toujours glorieuse ? Vouloir les effacer du paysage, c’est en même temps refuser la mémoire d’aventures humaines. Celle des conquêtes d’un continent par Christophe Colomb, celle de la culture des Etats du Sud aux Etats Unis ou celle des colonies en France. Ces trois exemples déchainent de véritables passions. Les statues érigées en hommage à leurs principaux acteurs sont vues comme la célébration du génocide des Amérindiens, de l’esclavage dans les champs de coton ou du « Code noir ». 

Pourtant ni l’œuvre de Christophe Colomb, ni celle de tous ceux qui incarnent la culture des Confédérés, ni celle des tenants du colonialisme en France ne sont réductibles aux crimes commis en leurs noms. Des exemples comparables foisonnent dans presque tous les pays du monde.

Vouloir effacer ce qui gêne dans les histoires nationales conduit tout droit à une épuration absurde, doublée d’une pratique redoutable du déni.

Si l’objectif est de condamner les horreurs commises, il n’y a pas de manière plus efficace et pédagogique que d’offrir au pied des statues ou des plaques de rues controversées, l’évocation des crimes commis par ceux ou au nom de ceux qu’elles représentent, accompagnée des explications les contextualisant. Ceux qui veulent effacer les salauds et ne penser qu’aux héros sortiront frustrés de cet effort de mise en perspective. Cette pédagogie rappellera pourtant à tous que l’histoire est comme le vie, pleine de bruit et de fureur. Elle n’a pas de sens immédiatement déchiffrable.  C’est bien pour cela qu’existent les historiens.

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