Deux mondes

Jeudi 19 mars – Des bugs informatiques me mettent en rage. Coupé de mon ancien monde par le confinement, je mesure l’ampleur de ma dépendance technologique.

Au fond, je suis installé au milieu de la nature, je vis une transplantation mais mon imaginaire et un nombre considérable d’activités me relient à mon ancien monde.  On ne change pas de peau aussi facilement.  Il y a un travail à faire en profondeur.

La question centrale reste la même : peut-on vraiment appartenir à deux mondes à la fois ? Hors période de confinement, personne n’est assigné à résidence et rien ne nous somme de choisir…

Il est possible de naviguer entre des appartenances multiples, faire son miel du contraste des existences et des expériences. Puiser de l’énergie, voire de la créativité dans différents mondes… Mais il est impossible de vivre suspendu en permanence dans les airs… Comme l’écrit Bruno Latour (1), il faut « atterrir ».

L’enracinement n’est pas une tare, une ringardise mais la condition d’un épanouissement, un socle à partir duquel nourrir ses choix et construire sa vie…

Cette tension permet de relier le local au global, enrichit l’imaginaire. Mais il convient d’être de quelque part.

1 – Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte, 2017

Retrouvez la série de nos chroniques de confinés

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