Jeudi 19 mars – Menou vit dans une parfaite léthargie, confinement oblige. Après la frénésie de la campagne des élections municipales, c’est assez étrange, le changement de rythme est violent.
Corinne et moi vivons, comme il se doit, en vase clos mais cependant harmonieusement.
Soyez tranquilles, nous sommes surveillés. La rumeur publique raconte -car même en période de confinement, les rumeurs courent toujours- qu’un médecin serait venu chez nous. Les pestiférés que nous sommes depuis que nous avons osé nous présenter aux élections municipales font de nous d’évidents porteurs du virus.
Pourtant les médecins c’est rare par ici. En plus, il était difficile à reconnaitre car il portait un masque. Nous tenons cependant à rassurer la population nantivinoise. Que venait-il faire ? Voir Corinne qui n’est pas touchée par le Covid-19, première bonne nouvelle. Et, seconde bonne nouvelle, conséquence probable du confinement, Corinne serait enceinte…
Le cas est intéressant, on pourrait penser que les fausses rumeurs disparaissent en temps de confinement. Il n’en est rien. La raréfaction des contacts entre les personnes et donc des communications orales opposent à la rumeur, une certaine viscosité du milieu dans lequel elle se propage telle un virus. Mais le système confiné, évidemment anxiogène, est capable de créer et de propager des rumeurs parfaitement grotesques du fait de la quasi-absence de boucles de rétrocontrôle. En temps de confinement, le milieu est plus visqueux mais les rumeurs plus véloces. Ceci compense cela.
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