Confiné avec “Belle du Seigneur”

Dimanche 19 avril – La journée commence par un moment de littérature aussi surprenant que délicieux. Depuis que j’ai quitté Paris et sa frénésie mais aussi ma paroisse protestante, quelques think-tanks et le monde universitaire avec lequel je m’efforçais d’entretenir des rapports réguliers, je suis un auditeur fidèle de France Culture. Cette radio se distingue par le temps qu’elle donne à la réflexion, à la nuance, à la diversité des pensées.

Les émissions religieuses du dimanche matin constituent une expérience pratique, régulière et salutaire de laïcité. Que cette série d’émissions se termine ou se poursuive par l’Esprit public n’a rien d’un hasard, après quelques digressions spirituelles, on revient à notre bonne République.

Parmi les émissions religieuse, j’ai une nette préférence pour Talmudiques, l’émission de Marc-Alain Ouaknin : « Une exploration des multiples facettes de la pensée juive, de leurs résonances dans la culture occidentale, et de leur mise en perspective avec les autres cultures. » Parce que la culture juive est à la fois originale et très proche de la mienne, parce que Marc-Alain Ouaknin sais mettre en valeur ses invités, bien souvent mon dimanche commence sur d’excellentes bases, ce fut le cas aujourd’hui.

L’émission du jour est consacrée à la rééditions des œuvres complètes d’Albert Cohen sous la direction de Philippe Zard. C’est la première d’une série de deux, elle s’intitule : « Albert Cohen et la puissance du roman (1/2) L’invention d’une langue », trente-trois minutes de réflexions et de parcours d’une œuvre romanesque inclassable par deux esprits lumineux. Je ne me risquerai pas à d’autres commentaires et vous invite à écouter ce magnifique échange qui vous donnera envie de lire (on dit ‘relire’ chez les snobs) Albert Cohen.

Je me souviens d’avoir lu « Belle du Seigneur » alors que je vivais une expérience personnelle qui a probablement quelques points communs avec le confinement. J’étais alors un peu coupé du monde, j’effectuais mon service national au titre de la coopération, en Côte d’Ivoire, sur la plantation d’hévéas d’un centre de recherche sur le caoutchouc. C’est là-bas que j’ai compris que j’étais Français et même Nivernais et la littérature y fut pour beaucoup.

Si vous n’êtes pas convaincus par la littérature et la théologie, si vous cherchez des informations sur la crise actuelle et ses perspectives, écoutez l’Esprit public et son émission du jour intitulée : « Face au virus, puissance et impuissance du politique ». La comparaison franco-allemande répond et complète fort bien la lettre politique de Laurent Joffrin dans Libération du 17 avril. Enfin, Gérard Courtois nous rappelle une leçon des plus simples : « Ceux qui savent ne disent rien, ceux qui parlent ne savent rien ».

La journée se termine par l’allocution du Premier Ministre. Pas de surprise pour ceux qui s’informent aux meilleures sources. Le Premier Ministre a fait un travail d’explication pédagogique de la situation et des principes qui guideront le déconfinement : gestes barrières, tests, isolement des porteurs du virus. Ça parait simple dans les grandes lignes et comme toujours, le diable est dans les détails. Nous en saurons davantage à propos du diable d’ici quinze jours.

Retrouvez la série de nos chroniques de confinés.

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