La fièvre de l’or

Mercredi 29 juillet – Le cours de l’or a franchi mardi en Asie un nouveau record historique. Le métal jaune s’est globalement apprécié de plus de 25% depuis le début de l’année. Valeur refuge des temps de crise dont l’intérêt s’étend puisque son marché est établi en dollar. Une baisse de la devise américaine, ce qui est le cas ces derniers mois, rend les lingots moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises.

Pour ceux en possèdent, s’assoir sur son tas d’or est payant. S’ils s’endorment, ils s’enrichissent quand même. Notre monde est bien étrange. Et apparemment, ça ne s’arrange pas.

L’Europe in extremis

Mardi 21 juillet – C’est peu dire que l’Europe jouait son avenir au sommet de Bruxelles pour trouver des réponses concertées face à la crise.

Il a fallu quatre jours et quatre nuits pour parvenir à un accord. Le succès final confirme que la France et l’Allemagne quand elles partagent la même partition peuvent obtenir d’excellents accords.

Mais Paris et Berlin ont dû investir beaucoup d’énergie pour que tous leurs partenaires se fondent dans l’unité de l’orchestre européen. Les 27 dirigeants européens sont ainsi parvenus à s’entendre sur un plan historique destiné à soutenir leurs économies, durement touchées par la crise du coronavirus. Pour la première fois, ce plan est basé sur l’acceptation d’une dette commune. En clair, les plus riches volent au secours des plus pauvres. Un pas vers le fédéralisme.

Les sommes dégagées ; un budget 2021-2027 de 1.074 milliards et un plan de relance de 750 milliards permettront de préparer l’avenir qui, sans cet effort partagé, aurait été beaucoup plus sombre. L’Europe avance par compromis successifs. Les pays dits «frugaux» (Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède et là aussi la Finlande ) ont certes fait beaucoup de résistance. Ils ont obtenu donc des concessions de taille mais pas au point de ruiner l’ambition initiale. C’était bien là l’essentiel.

La bataille de Reichshoffen

Jeudi 16 juillet – Une nouvelle bataille de Reichshoffen est engagée au nord de l’Alsace. En août 1870 , ce fut une défaite retentissante face aux armées prussiennes qui conduisit à une retraite retentissante des cuirassiers français. Certains d’entre vous connaissent cette comptine populaire qui célèbre leur charge héroïque mais parfaitement stupide et parfaitement vaine. Comme celle qui suivit près de Morsbronn.

Plus de 150 ans après,  espérons que le combat engagé au même endroit contre la vente d’un site industriel rentable ( carnet de commande plein jusqu’en 2024 ) sera couronnée de succès.  Pour satisfaire aux règles de la concurrence fixées par l’Union européenne et afin d’éviter de se constituer un monopole, Alstom qui veut racheter l’activité ferroviaire de son concurrent canadien Bombardier, cherche à se défaire de cette usine fqui pèse lourd dans la partie la moins prospère de l’Alsace. L’usine compte 800 salariés et fabrique des rames de trains intercités, des TER et même des métros parisiens. Les élus locaux et les syndicats s’inquiètent pour l’avenir du site. Sans doute à juste titre.

Retraites, le retour

Samedi 11 juillet – La crise sanitaire est passée par là. Le conseil d’orientation des retraites avait tiré la sonnette d’alarme dès la mi-juin.  Le déficit des caisses pour cause de coronavirus passerait en 2020 de 4,2 milliards à 29,4 milliards. 

Jean Castex a commencé à recevoir jeudi dernier à Matignon les partenaires sociaux pour évoquer le sujet. « Refuser de parler des retraites lorsque l’équilibre des comptes, et donc la sauvegarde du système actuel se trouve compromise, serait irresponsable», avait expliqué le nouveau premier ministre.  

Difficile de lui donner tort. Mais cette manière de rouvrir le dossier des retraites, gelé par la crise sanitaire, a cristallisé l’opposition de tous les partenaires sociaux, Medef compris qui avait pourtant soutenu des mesures d’âge (le fameux âge pivot) lorsque la réforme avait été engagée. Tous sont d’accord que le moment n’est pas très opportun et que les efforts de tous doivent se concentrer sur la crise de l’emploi.

Ce retour du sujet des retraites est par ailleurs abordé par la face de l’équilibre des comptes, la plus difficile à aborder, tant le front syndical est d’accord pour attendre et voir. Les partenaires sociaux qu’ils s’en réjouissent (UNSA, CFDT) ou s’en plaignent  (presque tous les autres) pensaient qu’ils en discuterait après avoir évoqué la retraite par points suspendue par Emmanuel Macron pendant la crise. C’est l’exact contraire qui leur est désormais proposé.

Jean Castex recevra à nouveau les partenaires sociaux le 17 juillet «pour une conférence sociale». Elle définira les priorités, la méthode et le calendrier des prochains mois. Mais il semble pour l’instant très improbable devant la longue liste des sujets sociaux que cette réforme des retraites (aspect financier ou retraite par points) revienne au premier plan de l’agenda à la rentrée.

Tout le monde aura d’autres chats à fouetter. Il a notamment le dossier de l’assurance chômage, sujet brûlant. Et tant pis pour les ambitions présidentielles d’Emmanuel Macron qui cherche en réactivant le dossier des retraites à sauver un des symboles de la volonté de réforme devant marquer son quinquennat.

Le bon côté de l’économie

Mardi 30 juin – Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, prétend ramener certains maires écologistes “du bon côté de l’économie” quand ils seront confrontés aux réalités de terrain.  

Ce responsable du patronat ne semble pas avoir très bien compris le sens du vote de milliers de Français dans de nombreuses grandes villes pour des candidats Verts, très souvent appuyés sur des alliances à gauche. Leur offre électorale était  pourtant claire, sortir des effets dévastateurs pour les hommes, les femmes et la nature d’un libéralisme débridé.

Le souhait de Geoffroy Roux de Bézieux est qu’ « avec l’exercice du pouvoir, les Verts français deviennent un peu les Verts allemands » , Faut-il lui rappeler aussi que là où ils ont été élus, ces fameux Verts allemands conduisent une politique déterminée et cohérente avec leur projet ?  La teneur du message électoral de dimanche dernier a un peu échappé au patron des patrons.

Personne ne sait de quoi l’avenir sera fait, mais gageons que les nouveaux élus écologistes ne mettront pas un zèle particulier pour se plier à ces injonctions les poussant à revenir dans les clous du monde d’avant.

Eux doivent penser précisément que leur succès s’appuie sur une volonté de changement, y compris dans le champ économique. Gestion plus humaine, plus soucieuse de l’environnement et partage des richesses, c’est peut-être ça le bon côté de l’économie. Celui hors des radars de Geoffroy Roux de Bézieux qui s’est aussi réjoui d’une reprise rapide de la consommation au mois de juin. On voit bien le problème.  

Ce n’est pas fini

Jeudi 25 juin – La remarque semble contre tendancielle. Vue de Paris sous le soleil, l’activité semble avoir repris. Les terrasses sont bondées, la Tour Eiffel a rouvert ses escaliers et une forme de naturel dans les relations sociales semble se réinstaller. Joie de la libération, après trois mois très durs.

Mais si on ne se contente pas de ces observations de proximité, l’horizon semble un peu moins dégagé.  Les États-Unis continuent à s’enfoncer dans la crise sanitaire et les dénis de Donald Trump semblent jouer un rôle d’accélérateur notamment au Texas et en Floride. D’ailleurs New York, le New Jersey ainsi que le Connecticut ont décrété mercredi une quarantaine pour les personnes venant d’autres États où la pandémie s’étend.

Cette prolongation des incertitudes au cœur de la première puissance économique mondiale n’est pas de bon augure. Comme le reconfinement mardi de plus de 600.000 personnes  en Allemagne

D’ailleurs le FMI considère que la reprise sera plus lente qu’espéré. L’économie mondiale pourrait reculer de 4,9% cette année: bien plus que les 3% anticipés en avril en plein cœur de la pandémie. L’Europe qui a commencé à se déconfiner ne sera pas épargnée. Baisse du PIB de 12,5% pour la France, de12,8% pour l’Espagne et l’Italie. La croissance chinoise ne dépassera pas 1 % en 2020 (6,1en 2019).

Si un vaccin est découvert, le FMI considère que la reprise devrait s’accélérer. Mais si de nouveaux foyers apparaissent une crise financière risque de s’installer.

Moralité : restons toujours vigilants.

Le défi de l’emploi

Mercredi 10 juin – 800 000 suppressions d’emploi, ce sont les prévisions du gouvernement pour la sortie de crise, ce qui signifie 2,8% de l’emploi total.

Cette perspective très sombre sera lourde de conséquences, d’abord pour ceux qui seront directement touchés. Puis pour toute l’économie nationale.  Et la correction de cette pente prendra au moins toute l’année 2021. Continuer la lecture de « Le défi de l’emploi »

Pourquoi consommer ?

Vendredi 5 juin – Reconnaissons-le : la voie est étroite. Selon des données de l’Insee, la consommation des ménages s’est réduite d’un tiers au mois d’avril par rapport à février et d’un cinquième par rapport à mars. Les Français auraient ainsi économisé 60 milliards d’euros pendant le confinement. D’où les injonctions répétées de Bruno Lemaire ou de Muriel Pénicaud, invitant les Français à « consommer » très vite leur épargne. Continuer la lecture de « Pourquoi consommer ? »

Gueule de bois

Mardi 12 mai – Ce matin, gueule de bois. Un vrai repas entre amis est plus lourd de conséquences qu’un apéro virtuel. Bref, il faut se faire violence et se mettre au travail.

Réunion de travail entre collègues déconfinés mais en télétravail.

En fin d’après-midi, j’écoute un débat entre un professeur d’économie à l’École d’économie de Paris, une députée de la majorité, ex-dirigeante d’entreprise et membre de la commission économique de l’Assemblée, et une consultante spécialiste des approches environnementales et sociales en entreprise. Continuer la lecture de « Gueule de bois »

L’État et les gilets jaunes

Mardi 5 mai – Attention, le 11 mai les Gilets jaunes reviennent. Tout est possible avec ce mouvement sans tête, mais je n’y crois guère. Le début du mandat d’Emmanuel Macron a été marqué par quelques excès dans le sens du libéralisme et de l’individualisme qui ont mené, à la suite de bien d’autres par le passé, à ce mouvement des Gilets jaunes qui fut l’expression désordonnée de revendications individuelles, souvent antisystèmes et quasi unanimement braquées contre le chef de l’État. Continuer la lecture de « L’État et les gilets jaunes »