Samedi 6 juin – Ce matin j’écoute la radio et on s’y demande si la science ressort grandie de la crise sanitaire mondiale que nous traversons.
A mon sens évidemment oui. Mais comme toujours cela mérite quelques précisions. La médecine est-elle une science ? Je ne crois pas. La vocation du médecin est de soigner son patient pas de faire progresser le savoir. Que cette discipline ou cet art se base sur des connaissances scientifiques est une chose certaine, ce n’est pas une science pour autant.
En quelques semaines la science a permis de séquencer le génome du virus, d’identifier ses modes de transmission et de contagion, de définir des protocoles de traitement des patients et de mettre au point des moyens de lutter contre sa propagation qui ont prouvé leur efficacité. Voici qui montre combien la science a progressé et est capable de déduire de la masse de connaissances acquises des solutions opérationnelles face à un problème nouveau. Souvenons-nous des débuts de l’épidémie de SIDA, il a fallu des années pour aboutir à un niveau de connaissance équivalent, c’était il y a seulement quarante ans.
Nombre de résultats scientifiques sont issus d’expériences dont les résultats sont quantifiés et traités statistiquement. Les statistiques sont des outils servant à prendre des décisions en univers incertain. Très souvent un médicament est issu d’études qui prouvent que le principe actif a statistiquement un effet bénéfique sur les patients atteints d’une pathologie. Ainsi un traitement n’est qu’une amélioration de la probabilité de guérison. Or il est très difficile de communiquer sur les aléas et probabilité de guérison dans une époque éprise de certitudes et de droit à la santé.
Un médecin n’applique pas un traitement issu de statistiques à un patient identifié par son seul numéro de sécurité sociale. Il ausculte, porte un diagnostic, décide d’un traitement, prend le risque d’effets secondaires, suit l’évolution de son patient et adapte éventuellement le traitement prescrit.
A la question première, je répondrais que non seulement la science sortira grandie de la crise sanitaire mais également la médecine et le corps médical pour des raisons moins visibles mais tellement plus humaines.