Gueule de bois

Mardi 12 mai – Ce matin, gueule de bois. Un vrai repas entre amis est plus lourd de conséquences qu’un apéro virtuel. Bref, il faut se faire violence et se mettre au travail.

Réunion de travail entre collègues déconfinés mais en télétravail.

En fin d’après-midi, j’écoute un débat entre un professeur d’économie à l’École d’économie de Paris, une députée de la majorité, ex-dirigeante d’entreprise et membre de la commission économique de l’Assemblée, et une consultante spécialiste des approches environnementales et sociales en entreprise. C’est inquiétant de voir une députée lever les yeux au ciel quand un économiste de renom affirme des positions qu’elle ne partage pas. C’est encore plus inquiétant de constater que les solutions qu’elle privilégie ont fait l’objet de nombreuses publications établissant leur sous-efficacité.

Notre modèle économique de capitalisme libéral, complété par un système fiscal et social fortement redistributif relève d’un choix collectif plus ou moins démocratique. Nous avons toléré qu’il produise un chômage de masse, et ne nous leurrons pas, les syndicats de travailleurs ont leur part de responsabilité. Nous avons aussi toléré que des emplois fonctionnels indispensables soient mal considérés. Nous devrons y remédier.

Les inégalités sont moins criantes à l’échelle nationale que d’un secteur à l’autre, le rééquilibrage n’est pas aisé à mettre en œuvre. Il demande un travail plus approfondi que les discours idéologiques généraux que nous entendons à l’Assemblée trop nationale pour être opérationnelle.

Les économistes qui ont contribué à la rédaction du programme de campagne d’Emmanuel Macron ont pris quelques distances avec l’exécutif. Il y a toujours une certaine frustration à voir les personnes aux commandes ne pas suivre parfaitement les recommandations, à voir l’ensemble de l’économie ne pas se plier aux aspirations théoriques. Il faut reconnaître que les économistes sont rarement de bons politiques et que les politiques sont souvent de piètres économistes. Il est cependant souhaitable que les uns et les autres se parlent, se respectent et gardent leurs distances.

Le patron d’entreprise relève d’une troisième engeance. Nul doute qu’il possède quelques talents pour la gestion de son entreprise, ce qui ne fait pas de cet agent économique essentiel un économiste. Un patient est essentiel au fonctionnement du système de santé, il est le premier acteur de sa guérison, ça n’en fait pas pour autant un médecin. A titre d’exemple, les propositions de Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, sont loin de faire l’unanimité, et pas davantage chez les politiques que chez les économistes.

Avec ce trio d’acteurs pas toujours facile à réconcilier, il est à craindre que l’économie du déconfinement ressemble à une belle gueule de bois.

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